Constituant l'une des trois religions mondiales à vocation universelle, le bouddhisme connaît aujourd'hui un regain de sympathie dans le grand public. Mais on sait peu que l'étude académique du bouddhisme, la "bouddhologie", est déjà riche d'une histoire de près de deux siècles en Occident, fondée qu'elle a été par le Français Eugène Burnouf (1801-1852).
Son champ d'investigation est énorme, puisqu'il couvre quasiment toute l'Asie. Ses seules sources canoniques se déclinent en pâli, sanskrit, chinois et tibétain, langues difficiles auxquelles le chercheur sera bien obligé d'y ajouter le japonais, qui donne accès à des instruments de travail indispensables, quelle que soit sa spécialisation.
Les études bouddhiques dispensées dans le cadre de la Section des langues et civilisations orientales (SLCO) de l'Université de Lausanne se situent au premier plan de cette spécialité en Europe, voire dans le monde.
Elles sont centrées essentiellement sur les traditions indienne et tibétaine, mais il paraissait indispensable d'ouvrir aux étudiants une fenêtre sur le vaste domaine extrême-oriental du bouddhisme, qui marque le terme à la fois géographique et historique de son développement en Asie.
C'est dans ce but qu'a été créé en 1993 un cours-séminaire de 2e certificat intitulé "Introduction à quelques problèmes de bouddhologie: notions indiennes et développements en Asie".
Sous ce titre général, des sujets fort différents ont pu être abordés au cours des dernières années. Celui sur le "Petit Sukâvatî-vyûha-sûtra", a permis de souligner les origines indiennes du bouddhisme de la Terre Pure, l'une des formes religieuses les plus populaires de l'Extrême-Orient, tandis que celui sur "l'image dans le bouddhisme" a pu montrer la continuité remarquable du bouddhisme tantrique à travers son art.
Durant les années 2000-2002, le cours a été consacré au Commentaire de Tanluan (476-542) sur le Traité de la Terre Pure de Vasubandhu, avec ce sous-titre: "une passerelle entre les bouddhismes indien et chinois?". C'est que le chinois Tanluan était formé aux principales branches philosophiques indiennes du bouddhisme du Grand Véhicule que sont le Mâdhyamika et le Vijñânavâda. Mais il avait en outre pratiqué le taoïsme, tradition chinoise s'il en est.
Les études bouddhiques à l'Université de Lausanne ont toujours été placées sous les signe de l'apprentissage des langues canoniques (cf. Jaques May: Études bouddhiques, in "Études de Lettres", 1973, N° 4, p. 1-19). Cependant, l'étude du bouddhisme chinois - et donc de tout l'Extrême-Orient - souffre d'un grave déficit en ce domaine.
L'apprentissage du chinois bouddhique a en effet disparu du cursus depuis que la sinologie a été attribuée à l'Unité des études chinoises de l'Université de Genève, laquelle se consacre essentiellement à la Chine contemporaine. L'Unité de japonais de cette université offre, certains semestres, des cours en relation avec le bouddhisme japonais, mais ceux-ci ne passent pas non plus par l'étude de la langue canonique; et ils ne figurent pas au programme du DIHSR de Lausanne. Il ne reste qu'à espérer que cette situation puisse s'améliorer.